Bla bla

L’absence

« Ca fait quoi, de ne pas avoir de père ».

« Je ne sais pas, je n’en ai jamais eu ».

J’ai connu l’absence toute petite. Tellement bien que je n’ai pas connu la présence, préalable nécessaire à l’absence.

Pour qu’il y ait manque, il faut qu’il y ait eu quelque chose. Et ce manque, en lui-même, Est. C’est un trou dans l’espace, mais ça prend de l’espace.

L’absence d’absence donne le vertige.

Dies Irae – encore.

Je suis en colère contre toi parce que tu étais supposé me donner une base stable pour m’apprendre à aller vers les autres, surtout du sexe opposé. Au lieu de ça, tu n’as été qu’inconstance, inconsistance, absence et puis mort. Tu n’écoutais rien ni personne, tu étais sourd à tout, sauf à ta voie, en vérité, tu étais un bel égoiste. Une belle ordure d’égoiste qui ne se souciait absolument pas d’un être petit, fragile et qui sortait de lui en plus.

Tu as voulu absolument me voir, visiblement pour satisfaire ton besoin narcissique d’être en contact avec un petit être qui te ressemblait. J’avais besoin de structure, de présence, de limites, et d’amour. Et je t’ai servi de miroir et de paillasson pour ton ambition.

C’était de la négligence. Rien de moins.

Et pour ça, je suis en colère parce que tu m’as abimée alors que tu devais me construire. Rien ne te forçait à être là, mais en choisissant d’y être, tu as choisis des devoirs en plus de tes droits. Dans le fond, tu ne vaux pas mieux que ces gens qui arrivent la gueule enfarinée dans mon bureau, pour réclamer une  « chance de faire leurs preuves » sans se rendre compte qu’ils ont eu quelques chances, déjà, et qu’il est p-e temps qu’ils prennent leurs responsabilités. A ceci prêt que toi, sombre crétin, tu as fait des études et je porte tes gênes. Tes saloperies de putain de gênes que je te vomirais bien à la gueule de porc que tu es.

Tu es un irresponsable parental et donc un être dangereux pour les humains en devenir que sont tes enfants. Tu as été dangereux pour moi et je porte encore aujourd’hui les traces de ton narcissisme inconséquent et de ton idiotie crasse.

Tu es la pire espèce de parent et d’humain qui soient : tu n’as même pas l’excuse de l’inculture ou du manque d’éducation. Tu pouvais le faire, mais tu ne voulais pas, engoncé dans tes certitudes.

Tes certitudes, parlons-en, je n’ai même pas à te souhaiter de t’étouffer avec elles, tu as eu le bon gout de mourir pour elles. Mort en héros, histoire de te conforter encore un peu plus dans ton égocentrisme… J’espère que ce fut long et douloureux. J’espère que tu rôtis en enfer. J’espère que tu as souffert au fond de ta chair comme je souffre au fond de la mienne. Peut-être as-tu eu de la chance tiens, de crever comme un chien en pleine rue, qui sait ce que j’aurais pu t’infliger? Je rêve : tu n’aurais même pas eu l’élémentaire élégance de m’affronter.

Décidément, tu n’es qu’égoisme, égoicentrisme, narcissisme, surdité et lâcheté. Tu manquais de classe et de réflexion.

Tu n’as pas de couilles. Tu n’en as jamais eu. Semer tes entrailles, comme le premier étalon du troupeau était ta seule qualité. Ca ne fait pas de toi un père. Ca ne fait même pas de toi un Homme.

T’es juste qu’un pauvre con que j’ai eu le malheur d’avoir pour père. Et tu m’as laissée là, farcie de ta vie de merde. Tu devais m’aider, tu n’as fait que m’encombrer et m’abîmer. Je reste là, seule avec tes étrons semés dans ma tête.

Je te hais.

De coeur, de sang

Le couple a-t-il une raison d’être sur la longue durée en dehors de la notion de famille?

Qu’est ce qu’une famille? Les dictionnaires tournent autours d’un lien entre des gens actualisé par des ancêtres communs, un nom, une filiation biologique, un patrimoine.

Bilan? Je porte, comme tout le monde, les gênes de deux « familles » donc des ancêtres communs. Avec les uns, j’ajoute le port d’un nom commun. Le patrimoine, d’un côté comme de l’autre, c’est nada.

Mais quid du fait de se sentir « de la famille de »? Quid du sentiment d’appartenance? Quid des rapports affectueux, sentimentaux quotidiens?

Ca, c’est le Grand Inconnu. Etre de la famille de, reconnaitre l’autre comme faisant partie de sa famille et ce avec plaisir, je ne sais pas ce que c’est.

D’où des difficultés à me lier, à penser le couple dans la durée, à penser la maternité. J’ai pas le mode d’emploi.
Ca s’achète où?

La petite victoire

Parce que bon, je me plainds, je chouine, je geins, je philosophe, je fais l’inventaire de mes espoirs déçus, mes défaites, mes espoirs tout court mais…Et mes victoires, alors!!

Et bien ma victoire de ces temps-ci, c’est… d’avoir, en douce, installé FireFox sur le pc de mon boulot, ce qui est rigoureusement interdit et que, crétinasse de fonctionnaire que je suis, je suis pas sensée savoir faire. Je suis sensée être le degré zéro de l’informatique, celui qui confond souris et clavier.

Et je les ai laissé croire ça.

Et j’ai installé mon FF.

Et personne ne le sait.

Je jubile…

Temple solaire

L’amour, c’est cette douce folie qui nous lie à quelqu’un, ce sentiment fort qui fait que l’Autre est plus important. Ca emporte, ca renforce, ca fait souffrir aussi. Ca permet de passer les épreuves, ca donne l’envie de rester, parfois de faire des bébés.

Ca, c’est la littérature. Je la connais par coeur, je l’annone avec l’implication d’une nonne pendant les vêpres, j’y mets toute la conviction d’un président en campagne.

Mais dans ma vraie vie, l’amour, ca n’a aucun sens. C’est une chose que j’ai du mal à reconnaitre, à connaitre, à éprouver et à reconnaitre quand je l’éprouve. C’est une chose que j’ai du mal à cerner, à comprendre, à appréhender. C’est un danger qui pousse à se risquer. C’est une folie collective qui pousse le troupeau vers la falaise, le tout en devisant gaiement. C’est un gouter à l’arsenic où chaque participant ignore la dose qu’il ingère. Et moi, je vois le précipice arriver et je me demande s’ils sont tous dingues de s’y précipiter ainsi, le coeur léger. Je ne veux pas mourir, moi. Pas sans me battre, du moins. Je n’ai pas le pied léger, la conversation gazouillante de tous ces gens qui semblent tellement surs d’eux. Et je le vois disparaitre, quand ils arrivent au bord de la falaise. Ils tombent et s’évaporent. Certains arrivent en bas entier, d’autres volent, les derniers s’évanouissent. Beaucoup ont des plaies et des bosses mais… à peine remis, ils reprennent leur place dans le troupeau et avancent paisiblement vers la falaise, reprenant leurs gazouillis.

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas sauter dans le vide, ne sachant pas si je vais arriver entière en bas. Je ne veux pas disparaitre, m’évaporer, m’annihiler. Je ne veux pas jouer au loto avec mon corps, mon bien-être, ma vie.

C’est une folie pure.
La roulette russe.
Un suicide collectif.

Apprendre à faire l’amour

Au propre comme au figuré.

Ailleurs, j’ai écrit : Quand on n’est pas persuadé que c’est l’amour, même furtif, qui a présidé à l’acte sexuel occasionnant notre existence, il est très difficile de croire à l’amour et à la valeur de sa propre existence.

J’avais raison.

Maintenir le cap

Une nouvelle relation, c’est la tentation de se noyer dans l’autre, surtout quand il y a des sentiments.

Pour moi, il a été tellement difficile d’être moi, de m’autoriser à être moi, d’acquérir l’estime de moi… Une de mes plus grosses craintes est de me perdre et de finir par devenir une autre femme mariée, qui pense que la vie c’est métro-boulot-dodo.

Je me surveille comme du lait sur le feu… Veux-je vivre ce que je vis? Veux-je cette situation? Est ce que c’est vraiment ça, ma vie?

Hier encore

J’avais 20 ans.
Et depuis, qu’ai-je fait de ma vie?
A l’aube d’un changement, un de plus, mais un inédit… En même temps, ils le sont tous.
Je ne suis plus dans la survie. Je suis dans la vie, le désir, le vrai choix.
C’est angoissant.
Faudrait que je fasse une liste des choses qui me font envie, comme ça j’aurais un matériaux brut à travailler, à disséquer, afin d’inventer ma vie future…
Pis faudrait que je poste plus souvent aussi. Des recettes, surtout.

12 juillet 2010 – 9h30

Voilà. Je sais. Vivement que je retourne chez mon ostéopathe de l’âme.

Je suis désemparée, comme souvent après un long travail. Je suis vide aussi, plus rien à ruminer, plus rien à souffrir. Etrange comme on s’habitue à la souffrance, à l’inconfort, comme il devient un confort, familier, agréable parce que connu; étrange comme l’inconnu fait peur même s’il semble enviable sur le papier. Sortir de sa propre cage, qu’on a honnie, mais qu’on a décoré aussi, puisqu’il le faut bien, est très compliqué même si tout vous appelle dehors.

Etre exempt d’une grosse souffrance habituelle rend fou.

Un temps.

12 juillet 2010 – 8h30

Le rendez-vous est pris. Normalement, je saurai. J’espère… J’espère…

Si je n’étais pas légitimée là-dedans, je devrais encore chercher… et je n’ai pas envie. J’ai envie d’être, enfin, à ma place au sein d’un groupe dans lequel je me reconnais et plus cet électron libre de tout, donc de rien.

Et puis, il me reste encore tellement de travail, après ça… Je ne sais pas si j’aurai assez d’une vie pour finir de nettoyer les écuries d’Augias qui me font office de conscient et d’inconscient. Et si j’ai fini mais trop tard? Et si j’avais plus le temps?

Enfin, comme de toute façon rien ne sert à quoi que ce soit, autant occuper mon temps comme ça.